Cela fait quinze ans qu’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’organisme chargé de surveiller l’air que nous respirons  traque les pesticides dans l’air ambiant. Et le constat n’est pas follement réjouissant.

L’observatoire régional de la qualité de l’air mène depuis 2005 un programme de surveillance destiné à mesurer la présence et les quantités de pesticides dans l’atmosphère.

A l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes, cela représente 186 substances actives recherchées et 806 prélèvements effectués sur 32 sites de mesures.

L’objectif de ces études est d’améliorer les connaissances sur l’exposition des auverhônalpins à ces substances et de mesurer les niveaux de pesticides dans l’air dans des zones habitées et situées à proximité de diverses cultures agricoles de la région.

Plus de 90 substances différentes ont ainsi été identifiées depuis 2005 sur 186 recherchées, c’est à dire, près de la moitié.

Première constatation : la présence des pesticides dans l’air, en nombre de substances ou en quantité, peut varier selon trois critères  : la saison avec une augmentation des concentrations en périodes de traitements (soit du printemps à l’automne)  ; la zone d’étude avec des concentrations plus importantes à proximité immédiate des zones traitées (plutôt en milieu rural) ; la distance par rapport à une zone traitée (dans deux études, il a été observé que les concentrations relevées en proximité de parcelle agricole peuvent être jusqu’à sept fois plus élevées qu’un km plus loin !

A Lyon, comme à Valence ou en montagne…

Mais l’observatoire de l’air a aussi mesuré des molécules loin de leur lieu d’émission. Les pesticides sont présents dans l’air à proximité du lieu où ils ont été émis, mais ils peuvent aussi être retrouvés  dans l’atmosphère urbain comme à Lyon, à Vienne, Bourgoin ou Valence et en montagne comme aux Ecrins par exemple.

Cependant, en milieu urbain, le nombre de substances présentes dans l’air peuvent être en moyenne deux fois moindre et les concentrations sont plus modérées.

Plus inquiétant encore : des pesticides interdits sont toujours détectés dans l’air.

Malgré leur interdiction, certaines molécules persistaient encore dans l’environnement au moment des mesures comme le lindane (insecticide interdit depuis 1998) ou ont été retrouvées ponctuellement comme le diphénylamine (fongicide interdit depuis 2012), le tebutame (herbicide interdit depuis 2003) et la trifluarine (herbicide interdit depuis 2008).

Les plus fréquemment mesurés

Enfin, les plus fréquemment mesurés dans l’air sont le chlorpyriphos-ethyl (insecticide utilisé dans la culture de la vigne, du colza et pour le maraîchage), le pendiméthaline et le S-métolachlore (herbicides utilisés dans les cultures du tournesol, du blé, de l’orge et du maïs).

Vu ces résultats, l’Observatoire de l’air de la région milite pour poursuivre cette surveillance des pesticides dans l’air, mais cette fois en continu…

Photo : Atmo