Le président de la République doit s’exprimer ce soir à 20 h 02 (pour laisser la place aux applaudissements à destination des soignants). Mais entretemps, il aura reçu une lettre ouverte des pharmaciens de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui veulent exprimer leur ras-le-bol. Ils se sentent à la fois oubliés et objet d’une politique de gestion de la crise les concernant qu’ils estiment peu cohérente.

La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France de la région Auvergne-Rhône-Alpes adresse une lettre au président de la République Emmanuel Macron pour exprimer son « ras-le-bol » face à la gestion de la crise car « c’est le bordel », selon le pharmacien haut-savoyard Guillaume Dessard, co-président du syndicat des pharmaciens de la région, rapporte dans une interview à notre confrère France Bleu Pays de Savoie ce lundi 13 avril.

Une lettre qui partie de Haute-Savoie a été ensuite régionalisée à travers le syndicat des pharmaciens de la région.

« J’invite nos ministres et le président à venir passer une journée avec nous. Ils verront ce qu’est le travail d’un pharmacien », lance-t-il.

« Il y a de la fatigue mais surtout un vrai ras-le-bol de la gestion de la crise qui est faite au jour le jour avec des changements quotidiens dans la distribution et le suivi des masques », gronde le co-président du syndicat des pharmaciens de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

« C’est le bordel, le bazar. On comprend que ce soit une première et que personne ne sait vraiment gérer la crise mais à un moment donné », s’enflamme Guillaume Dessard, co-président du syndicat des pharmaciens à France Bleu Pays de Savoie.

Le pharmacien énumère les nouvelles responsabilités des pharmaciens : « On nous demande également de fabriquer du gel hydroalcoolique mais ils ont tout bonnement oublié que l’on n’avait pas le droit de le faire. On nous redonne le droit puis on nous le retire encore. Il y a une fatigue due à des directives pas claires (…) On nous demande de pister les infirmiers, les médecins, les kinés qui viennent chercher des masques chez nous. On a autre chose à faire que de passer des heures à remplir des tableaux et papiers pour savoir à qui on a donné des masques ou pas. Pour le dispositif sur les violences conjugales, on a appris cela dans les journaux. Bien sûr qu’on le fait mais on n’a eu aucune formation là-dessus. Or, il faut savoir utiliser les bons mots et cela nécessite un minimum de formation et d’aide. »

« Toujours plus avec moins de moyens »

Les pharmaciens souhaitent « que l’on arrête de nous mettre la pression au niveau financier » car ils doivent « toujours faire plus avec moins » de moyens. « Ça fait des années que l’État veut faire des économies sur la santé, ça fait des années que l’on tape sur les pharmacies et là on s’aperçoit que l’on a besoin de nous », constate Guillaume Dessard.

« Tous les deux jours il y a une pharmacie qui ferme, dénonce le pharmacien. Nous voulons donc que l’on nous fasse confiance, que l’on arrête de nous presser comme des citrons et que l’on nous laisse les moyens pour faire nos tâches. Surtout qu’on les fait bien ! »

Guillaume Dessard et les signataires dénonce aussi le fait que « nos préparateurs ne sont pas considérés comme des professionnels de santé, donc en théorie, ils n’ont pas le droit aux masques de protection, c’est aberrant ». Donc « après la crise, il faudra reconnaître que l’on est là, que l’on a fait le job et qu’il ne faut peut-être pas nous oublier ».

Enfin, à la question de savoir ce qu’il attend d’Emmanuel Macron ce soir, le pharmacien répond : « Qu’il nous cite lorsqu’il parle du personnel soignant. Cela serait une première.  C’est important ! On est quand même la seule profession qui est disponible 24 h sur 24, sans rendez-vous, même en pleine crise. On ne refuse personne et trois minutes en sortant de chez vous vous pouvez trouver une pharmacie et avoir une vraie réponse médicale. Personne ne s’est retiré, on s’est réorganisé ; donc un peu de reconnaissance ferait du bien. »