Sapin escaladé par un Père Noël, refuges en bois où chauffe un café, un brasero où brûlent des palettes: si vous passez devant le rond-point du BGA (du nom de la société de vente de voitures d’occasion installé là), près du stade de rugby Jean Etcheberry, vous ne pouvez les manquer. Depuis 48 heures, les « gilets jaunes » y ont installé leur QG, devenu un vrai point de rencontre.

Une présence sonore aussi : les voitures, les poids-lourds ou les bus qui passent devant ne cessent de klaxonner. Il faut dire, comme explique Greg « Nous avons sans doute fait l’erreur au début de bloquer ou de filtrer. Notre présence ici est une présence de témoignage, pas question de bloquer, pas de violence, nous sommes ici pour rencontrer, discuter, expliquer… »

Et d’ajouter : « Et, s’il le faut, nous sommes ici pour longtemps. »

Au tout début de leur installation, ils ont reçu la visite de la police qui leur demandé d’être vigilant sur la sécurité et de n’entraver ni la circulation des cyclistes (ils sont présent sur une piste cyclable), ni celle des voitures.

Il y a là en ce matin du jeudi 6 décembre, Marie-Laure et Aurélien, chômeurs, Greg, éducateur, Nicole et Sylvie, retraitées, cette dernière précisant « avec 956 euros par mois… »

Ils précisent d’une même voix : « nous sommes en fait, près de cinquante à nous relayer tout au long de la journée et de la nuit ».

Ils comptent bien tenir aussi longtemps que les revendications désormais élargies soient exaucées dont le smic à 1 500 euros par mois, le retour de l’ISF, un référendum d’initiative populaire. Greg lance : «  Quand on voit où nous ont mené les hommes politiques depuis de nombreuses années, il faut que le peuple reprenne la parole et l’initiative… »

Les revendications dépassent donc désormais l’annulation de la hausse des taxes de la transition énergétique sur les carburants, désormais obtenu. « Le 15 du mois, on n’a plus rien à manger : on en a marre de se restreindre sur la nourriture ! », lance Marie-Laure.

D’une même voix, ils expliquent que ce mouvement leur a « fait un bien fou : nous étions tous dans notre coin, depuis trois semaines qu’existe le mouvement des « gilets jaunes », nous y avons découvert la solidarité, la fraternité. Les gens s’arrêtent pour nous donner à manger. Nous avons le soutien de la population : pour nous, c’est très encourageant. Après ce mouvement, rien ne sera plus comme avant… »

Ils n’iront pas ce samedi à Paris, mais chacun connaît un ou plusieurs « gilets jaunes » qui ont décidé de s’y rendre. Certains « gilets jaunes » viennois se retrouveront en revanche samedi place Bellecour à Lyon, en pleine Fête des Lumières.

Cette présence dans le calme, faite pour durer sur un rond-point viennois, illustre bien la persistance d’un mouvement dont on ne voit pas pour l’heure l’issue, malgré les annonces gouvernementales ou élyséennes…