Au premier rang de la crise, le tribunal de commerce de Vienne sent la situation se tendre actuellement. Depuis trois mois, Olivier Michel, son président, a, outre une cohorte de petites entreprises, entre les mains le dossier de trois PME entre 20 et 50 salariés entrées en procédures collective.s

Or, constate-t-il à ce stade, on sait que le risque de liquidation judiciaire est important. Il est en moyenne de 30 % de chance de survie, mais ce pourcentage tend à baisser avec la crise.

Or, insiste Olivier Michel, « notre rôle au tribunal de commerce est avant tout la prévention : notre rôle est de traiter les difficultés des entreprises suffisamment en amont pour qu’on puisse les sauver. »

D’où sa volonté de « lancer une alerte concernant le traitement des Prêts Garantis par l’Etat (PGE) par les banques ».

On sait qu’une majorité d’entreprises iséroises, soit près de 14 000 ont demandé et obtenu un PGE : Prêt Garanti par l’Etat, « une assurance tous risques » pour pouvoir traverser la crise. Et ce, pour une somme globale de 22 milliards d’euros pour le seul département de l’Isère.

Le problème, explique Olivier Michel est que certains banques ont tendance à gérer les PGE qu’elles délivrent, « comme un effet d’aubaine. »

Explication : ce PGE est remboursable au bout d’un an, mais une prolongation, ce que demandent beaucoup d’entreprises, est possible. Et c’est là où le bât peut blesser, avec la mise en place par les banques de taux d’intérêts élevés ou des indemnités pour remboursement anticipé trop lourdes, etc.

« On demande alors aux entreprises de surpayer leur sécurité », déplore Olivier Michel.

« Certaines banques ne sont à cet égard pas loyales et ne se comportent pas comme de véritables partenaires des entreprises, ce qu’elles devraient être dans la situation difficile que nous traversons. »

Une solution existe : si vous êtes chef d’entreprise et que vous êtes confronté à une telle situation : elle peut passser par « le mandat adhoc », une procédure amiable.

Alerté, le tribunal de commerce peut alors traiter votre dossier « dans la plus totale confidentialité », précise Olivier Michel et « ouvrir une négociation avec la banque : nous pouvons alors déployer un véritable argumentaire… »

« Dans ce cas, le taux de réussite est de 90 % », se félicite le président du tribunal de commerce de Vienne.

Bref, pour éviter que la crise ne provoque trop de casse, en cas de difficultés avec sa banque, il ne faut pas hésiter à frapper à la porte du tribunal de commerce. Avant qu’il ne soit trop tard…

Face au comportement de certaines banques qu’il estime « pas loyales », Olivier Michel a alerté la Banque de France, en l’occurrence la Banque des banques…