Connaîtrons nous un rationnement de l’eau, cet été, ou un jour sur certaines communes de Vienne Condrieu Agglomération ? C’est peu probable, le Rhône et le captage de Gemens offrent en effet des débits importants. Une interconnexion des différents réseaux d’eau de l’Agglo est en outre dans les tuyaux pour pallier ici ou là le manque d’eau, voire même une éventuelle pollution accidentelle.
Explications sous forme de réponses aux questions que se posent à propos de l’eau; devenu un sujet sensible, les habitants de l’Agglo, par Max Kechichian, maire de Serpaize et vice-président en charge de l’eau potable de Vienne Condrieu Agglomération et Mickaël Paridiot, directeur du « Cycle de l’eau » à L’Agglo.

Où en sont les niveaux des nappes phréatiques sur Vienne Condrieu Agglomération ?

Il faut distinguer deux types de nappes phréatiques.

Il y a d’abord celles qui bénéficient de l’eau du Rhône : à Saint-Romain-en-Gal, Sainte-Colombe, Gerbey. Elles sont à un haut niveau grâce au haut niveau du Rhône.

On évoque pourtant une baisse de niveau du Rhône qui a déjà diminué et qui pourrait encore diminuer de 20 à 30 % d’ici 2050 ?

Certes, mais si le débit du Rhône diminue effectivement, le niveau, grâce aux barrages reste le même. L’alimentation des nappes phréatiques est donc la même.

Vous parliez de deux types de nappes phréatiques au sein de l’Agglo quel est le deuxième ?

A côté des nappes phréatiques du Rhône, il y a les autres qui donnent les captages de Gemens, le plus important, de La Détourbe, de Pont-Evêque, du Baraton, de Septème qui ont la particularité d’être des nappes dites superficielles qui ont actuellement un niveau que l’on retrouve d’ordinaire en octobre.

Rien d’inquiétant, mais nous surveillons leur niveau qui explique le message de vigilance général lancé pour le Nord-Isère par la préfecture de l’Isère.

Ce qui est sûr est que sur l’Agglo, nous bénéficions à la fois d’eau en quantité et en qualité.

Parlons donc du captage de Gemens qui est le plus important…

Oui, vu son important débit, c’est le captage qui alimente Vienne et quelques communes alentour. Il constitue un cas particulier dans la mesure où l’eau, au lieu de s’enfoncer sous terre remonte.

L’eau est bloquée par une sorte de gros bouchon étanche, du granit, ce qui permet de récupérer l’eau par un simple système de drains. Gros avantage : toute l’eau du bassin converge à cet endroit, il s’agit donc une situation privilégiée.

C’est ce qui expliquerait par exemple que la Gère ne soit jamais à sec et qu’elle offre un débit constant, même en période de sécheresse ?

Effectivement, la Gère et le captage de Gemens sont liés, c’est la même caractéristique géologique : la nappe phréatique ressort au niveau de la Gère. C’est ce qui explique que les truites aiment bien cette rivière !

La gestion de l’eau au niveau de l’Agglo est complexe puisqu’on y trouve des régies directes, l’eau étant gérée par les municipalités comme à Vienne, mais aussi la présence de sociétés privées comme Suez ou la SAUR qui assurent sa gestion dans d’autres communes.

Ces différents réseaux sont-ils interconnectés ?

Cette interconnexion entre réseaux fait partie des projets de l’Agglo. Elle vise à répondre à tout risque en cas de sécheresse aigüe ou de pollution, car elle permet de redistribuer l’eau d’un réseau vers l’autre.

Elle existe déjà : par exemple entre le captage de Gemens et Saint-Romain-en-Gal via une conduite qui traverse le Rhône via le pont de Lattre de Tassigny.

Il en est de même à l’hôpital de Vienne sur le Mont Salomon qui bénéficie par sécurité à la fois de l’eau du captage de Gemens et de celui de Serpaize. Ce projet d’interconnexion des réseaux va nécessiter de très importants investissements : nous espérons que la Région et l’Etat vont nous accompagner dans cette démarche…

Des habitants de Serpaize s’étonnent actuellement que le changement de gestionnaire dans la commune, actuellement la SAUR qui succède à Suez, s’accompagne d’un changement systématique de compteurs qui, en sus, n’offrent pas les mêmes services que les précédents. Pourquoi n’existe-t-il pas une norme commune de compteurs pour tous les gestionnaires de l’eau ?

C’était auparavant Suez qui était l’opérateur à Serpaize, mais il était bien plus cher que la SAUR, c’est la raison pour laquelle nous avons changé de gestionnaire

C’est vrai que jusqu’à présent, il fallait changer de compteurs à chaque changement d’opérateur. C’est en passe de changer car l’Etat vient de décider que les sociétés privées devront être alignées sur une même norme commune pour les compteurs d’eau.

Enfin pour terminer, la question qui fâche : les prix de l’eau vont-il, comme pour l’électricité ou le gaz connaître l’inflation galopante que l’on constate en France actuellement ?

C’est clair : pour 2023, le conseil communautaire a décidé qu’il n’y aurait pas d’augmentation du prix de l’eau.

Il faut bien le dire, elle ne reste pas chère sur le territoire de l’Agglo, même si le prix de l’eau n’est pas le même partout, il faut bien le reconnaître.

Il est plus cher par exemple sur les communes de la rive droite du Rhône que sur celles de la rive gauche…

Photo : le captage de Gemens

Les différents gestionnaires de l’eau sur Vienne Condrieu Agglomération

Les nappes phréatiques loin d’être remplies à la sortie de l’hiver : le Nord-Isère déjà placé en « vigilance » sécheresse par le préfet