Le quartier de Malissol à Vienne va-t-il constituer le quartier test en matière de démographie médicale, côté généralistes ?

Bien possible au regard des propos échangés lors d’une réunion publique organisée mardi soir par la municipalité en présence des habitants, à l’initiative de Thierry Kovacs, maire de Vienne et du conseiller municipal délégué à la Santé, Jacques Boyer, en présence des praticiens de santé du quartier.

D’emblée Thierry Kovacs reconnut que Vienne, comme bien d’autres communes en Isère, est en passe de ressembler de plus en plus à un désert médical.

La raison est bien connue, illustrant l’impéritie de gouvernements antérieurs : le numerus clausus trop faible pendant des années qui a fait en sorte que les médecins partant à la retraite dans toute la France en sont plus remplacés intégralement. Ce numerus clausus est désormais élargi, mais il faut dix ans pour former un médecin. La situation va donc rester compliquée encore quelques années.

« Trois nouveaux généralistes font encore partir à la retraite d’ici fin décembre d’ici la fin de l’année », annonça ainsi le maire de Vienne.

A Malissol, le problème est contenu : le docteur Dominique Solazzi qui suivait les patients du quartier depuis années avait décidé de ne pas partir à la retraite tant qu’il n’avait pas trouvé de remplaçant. Il vient tout juste de partir et c’est son propre remplaçant, qui lui succède désormais à plein temps : le docteur Toufik Khayi qui vient brillamment de passer sa thèse et a déjà adopté par le quartier et présenté ce soir là.

Les habitants du quartier qui ont pris la parole lors de cette réunion n’ont cependant pas caché leur déception de ne voir arriver qu’un seul médecin, alors que dans le passé le cabinet commun créé à l’instigation de la municipalité à proximité de la pharmacie du quartier a accueilli dans le passé jusqu’à 4 médecins ! Un luxe dont personne n’avait alors conscience…

Thierry Kovacs reconnut que dans les circonstances actuelles de très faible démographie médicale, assurer le remplacement du médecin sur le départ est déjà presque un exploit.

Zone prioritaire

Deux raisons expliquent l’arrivée de ce nouveau médecin généraliste qui s’installe à demeure : la présence d’un cabinet sous forme d’une cabinet de groupe et le fait que Malissol a été placé en zone prioritaire par l’Agence Régionale de la Santé (ARS) à la demande de la municipalité, ce qui permet notamment une meilleure rémunération du praticien.

« Nous allons poursuivre nos recherches pour compléter le cabinet, en recherchant un deuxième, voire un troisième médecin à Malissol », assura Thierry Kovacs qui a bien conscience que ce ne sera pas facile. « Nous n’allons pas nous arrêter là, on va continuer », assura le premier magistrat viennois.

Les docteurs Dominique Solazzi et Jacques Boyer

En tout cas, tout comme Jacques Boyer, Thierry Kovacs a bien le sentiment que le système actuel d’un cabinet par médecin, d’une médecine individuelle comme par le passé, est devenue obsolète.

« Les jeunes médecins ont changé, ils veulent concilier vie professionnelle et et vie matérielle et travailler dans des structures collectives, avec notamment un secrétariat partagé »  expliqua Jacques Boyer, ancien pneumologue de l’hôpital de Vienne.

Maison médicale au Sud et Cabinet de groupe au Nord de Vienne

D’où le projet d’une Maison Médicale qui devrait voir le jour fin 2024 au Sud de Vienne, en l’occurrence à l’Espace Saint-Germain dans des locaux construits par Advivo, regroupant généralistes et professionnels para-médicaux ; suivie ensuite d’un grand cabinet de groupe qui devrait prendre, lui, place au Nord de Vienne, cette fois, dans des locaux neufs, en construction Montée Bon Accueil.

Une certitude pour l’heure, le retour à une démographie médicale normale en matière de généralistes va prendre du temps…

Parmi les pistes évoquées lors de cette réunion : « une journée des internes » chaque année qui a été instaurée par la municipalité viennoise au cours de laquelle sont accueillis les jeunes internes pour leur vanter les avantages de Vienne, afin qu’ils s’y installent.

Autre suggestion : la mise à disposition à Malissol, mais pourquoi pas ailleurs d’un appartement accueillant les médecins remplaçants des praticiens en exercice.

Alors que l’Assurance Maladie préconise un généraliste libéral pour 1 000 habitants, on ne compte plus à Vienne que 23 médecins libéraux pour…30 000 habitants. Faites le calcul…

Photo-Thierry Kovacs, maire de Vienne et Toufik Khayi, le nouveau médecin de Malissol