Thomas Kahn, un peu moins conquérant que son ancêtre, a chanté au théâtre antique hier soir en première partie de  A-HA. Fait marquant et rigolo : une gentille dame blonde s’est évanouie dans les gradins, juste derrière la régie, lors de sa reprise d’Otis Redding. Peut-être s’est-elle pâmée d’extase…peut-être était-ce la douleur… dans le doute il vaudrait mieux ne pas recommencer.

Pourquoi il y a des premières parties déjà ?

Nous disions donc…

Hier, mercredi 25 juillet, le groupe A-HA était l’invité du théâtre antique de Vienne.

C’est toujours problématique de prononcer ce nom dans une conversation –ou de l’introduire dans un article- on sait jamais trop comment le faire : on hésite sur l’aspiration de telle ou telle syllabe, alors on est obligé de marquer une pause dans sa phrase. Et on a toujours l’air un peu débile, à force de le répéter, quand la personne en face de nous nous assure qu’elle ne connaît pas ce groupe.

« – Mais si : A-ha ! A-ah quoi, Taaaake on meee *take on me* ».
–  Ah oui ! A-Ah !» ahaha. Ha. Quelle drôlerie ces journalistes !

Quoi qu’il en soit, sachant ou pas scander leur nom, les 4 300 spectateurs réunis hier soir les attendaient de pieds fermes. En même temps, après deux annonces de séparations (par deux fois démenties) des années d’absences sur le sol français et la sortie de leur dixième album « Cast in Steel », c’était attendu. On a même eu droit à une« Hola », partagée par l’ensemble du théâtre, pour inciter les artistes à entrer sur scène… la preuve que si le public en a envie, il n’a pas besoin d’être tiré malgré lui par des « Est-ce que vous êtes chaud Vienne ? Plus chaud qu’à Carcassonne parce-qu’hier eux ils étaient chaud ! », pour signifier sa présence, et son impatience.

En les voyant entrer sur scène, j’ai senti ma voisine de gauche, et mon voisin de droite frémir : le trio de Norvégiens a suscité dans l’ensemble du théâtre, une vague de désir hystérique (comme quoi aucun désavantage de naissance n’est immuable). Il serait bon que tous les boys band actuel sortent de scène, s’asseyent et prennent note : j’ai vu crier des hommes à rendre leurs femmes jalouses.

On peut lire sur bon nombre de sites, que cette tournée est « intimiste ».

En effet, alternant entre leurs nouveaux opus et leurs anciens tubes –jamais usés-, entre la machine et l’acoustique -on veut cette violoncelliste partout, tout le temps-, A-AH nous surprend, certes, mais « intimement ».

J’entends par là qu’il n’y a eu aucun malaise, aucune nouveauté trop nouvelle, qui n’aurait eu pour seul effet que de mettre à distance les artistes ; de nous rendre leur musique trop étrangère.

Intime donc, pour tous ces fans qui attendaient ce moment depuis des années.

En ce qui me concerne je ne suis pas de cette génération. De leurs générations, au public et à A-HA (vous voyiez quand je disais que c’était une affaire laborieuse !)

De fait, l’intime et la connivence propre à ceux qui ont vécu, grandi, mangé dans le même temps m’étaient refusées.

Ce concert avait une aura que je ne connaissais pas, que je découvrais de chair et d’os après l’avoir tant vu dans « Stranger Things ». Leur musique contenait une lumière de néons rouges sur une station-service, un goût de Super Poulin (ou bien serait-ce des cigarettes en chocolat ?), des coupes de cheveux délirantes, des pantalons pattes d’Eph, une boule à facette bien sûr, l’Agence tout risque et même Maradona …

« C’était ça les 80’s » n’ont-ils cessés de chanter.

Et à l’aide de « Crying in the rain », ils ont accompli ce petit miracle, de me rendre nostalgique d’un temps que je n’ai pas connu…

Lazhar