« Tricastin, avec son réacteur 1, est la pire centrale du pays », affirment les auteurs d’un livre dont le Journal du Dimanche publie ce matin des extraits. Saint-Alban près de Vienne serait aussi concerné par des micro-fissures. Les auteurs mettent en cause les nombreuses micro-fissures dont souffriraient un certain nombre de réacteurs nucléaires à commencer par celui de la Drôme, mais d’autres aussi.

Jusqu’à présent EDF n’inspectait que la surface des cuves de combustible. Et surveillait de près les rares fissures perpendiculaires. Un livre-enquête qui devrait faire beaucoup de bruit : « Nucléaire, danger immédiat », alerte sur d’autres fissures, à l’intérieur de l’acier, en partie provoquées par l’eau contenue dans les cuves. Ce qui constituerait un vrai problème pour EDF qui souhaite prolonger la durée de vie de ses centrales ; et ce, jusqu’à cinquante ans.

Le Journal du dimanche (JDD) publie aujourd’hui des extraits d’un livre enquête à paraître mercredi sur les dangers des centrales nucléaires françaises.

Ainsi, « Nucléaire, danger immédiat » pointe des défauts dont on a jusqu’à présent très pue parlé et, semble-t-il, largement répandus. Problématique pour EDF qui souhaite prolonger ses centrales au-delà de 40 ans.

Dans ce contexte, le livre écrit par les journalistes Thierry Gadault et Hugues Demeude mettent le doigt là où ça pourrait faire mal.

L’état des cuves d’acier où se trouve le combustible nucléaire sera déterminant pour autoriser ou non une poursuite d’exploitation jusqu’à quarante ans dans un premier temps pour 48 réacteurs sur 58 (en 2028), puis cinquante ans…

Or, ce livre-enquête met en lumière une dégradation inquiétante. Selon EDF, dix cuves sur les cinquante-huit réacteur français  souffrent de fissures datant… de leur fabrication !

Un « défaut sous revêtement » qui survient parfois lors de la soudure du revêtement en inox protégeant la face interne de la cuve.

Ces fissures perpendiculaires à la paroi sont surveillées de près car en cas d’aggravation, elles perceraient la cuve qui ne serait plus étanche aux radiations.

Un des nombreux réacteur de la région Rhône-Alpes est particulièrement montré du doigt dans cet ouvrage : le réacteur 1 de Tricastin, dans la Drôme. Il aurait atteint la cote d’alerte.

« Tricastin, avec son réacteur 1, est la pire centrale du pays », affirment les auteurs.

Outre qu’il n’a plus de « marge à la rupture » et que ses prévisions de fragilisation sont mauvaises, ce réacteur comme les trois autres de Tricastin est menacé par une inondation en cas de séisme.

C’est cette menace qui a justifié l’arrêt de la centrale par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) qui délivre les autorisation d’exploitation, en septembre dernier ; le temps qu’EDF consolide la digue du canal de Donzère-Mondragon en contrebas duquel se trouve la centrale.

« En cas de séisme fort, on pourrait aller vers une situation, avec quatre réacteurs simultanés en fusion, qui ressemble potentiellement à un accident de type Fukushima », a déclaré au JDD le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), Pierre-Franck Chevet.

Thierry Gadault et Hugues Demeude, les deux auteurs font par ailleurs état d’un problème plus général aux centrales nucléaires, les fissures parallèles à la paroi.

Jusqu’à récemment EDF ne contrôlait la paroi des cuves que sur les 25 premiers millimètres. Mais son homologue belge s’est avisé d’inspecter toute l’épaisseur de deux cuves où il a découvert des milliers de micro-fissures parallèles aux-dites parois.

EDF a alors inspecté 28 cuves jusqu’à 80 mm pour découvrir que six cuves étaient touchées par ce type de micro-fissures : à la centrale de Saint-Alban au Sud de Vienne, mais aussi celles du Bugey, de Graveline, de Golfech, de Cruas et de Penly…

(1) Nucléaire, danger immédiat, par Thierry Gadault et Hugues Demeude, 286 pages, Flammarion, 21 euros. A paraître mercredi 7 février.

Photo : la centrale du Tricastin dans la Drôme