Le dirigeant du Festival de Cannes et de l’Institut Lumière à Lyon est mis en cause par d’anciens collaborateurs en raison de son comportement. Un syndicaliste évoque « des pratiques managériales d’un autre temps ». L’intéressé réfute l’existence de toute « culture anxiogène ».

Après une précédente enquête concernant les pratiques managériales du Lyonnais Thierry Frémaux, directeur général de l’Institut Lumière à Lyon et délégué général du Festival de Cannes, Médiapart récidive, en apportant de nouveaux témoignage.

Ainsi depuis la précédente enquête, une trentaine de salariés et d’ex-salariés du Festival de Cannes et de l’Institut Lumière ont confié à Mediapart avoir chacun et chacune aussi mal vécu leur passage par ces institutions du cinéma.

Le portrait du manager Thierry Frémaux que développe Médiapart repose sur une dizaine de ces témoignages. Les personnes interrogées ont presque toutes souhaité conserver l’anonymat, mais plusieurs sont prêtes à confirmer leur témoignage devant la justice.

« Employées en CDI ou en CDD, elles décrivent une réelle souffrance au travail pour une partie de la soixantaine de personnes travaillant quotidiennement pour le Festival de Cannes ou pour l’Institut Lumière », explique Médiapart

Certaines des personnes rencontrées au cours de cette enquête ont affirmé avoir quitté leur poste après avoir traversé un épisode d’épuisement professionnel.

Et Médiapart de donner la parole àTony Serrano, défenseur syndical pour Solidaires à Lyon, qui «  se souvient avoir été contacté au fil des ans par plusieurs salariés de l’Institut Lumière. « Ces personnes étaient en état de souffrance. Il y avait un degré d’urgence : elles voulaient quitter au plus vite la structure », précise-t-il. Il dit avoir constaté de leur part une « désillusion et un écœurement face à des pratiques managériales d’un autre temps ».

Mediapart « peut également attester qu’à partir de 2019, plusieurs salariés ont lancé des alertes sur le management, en direction de l’Institut Lumière, de l’inspection du travail ou de Souffrance et Travail, une association lyonnaise spécialisée. »

Interrogé à plusieurs reprises sur la manière dont est décrite son comportement, Thierry Frémaux a démenti à Médiapart «  avec vigueur toute pratique nocive, et défend la « bonne cohésion sociale qui règne » à l’Institut Lumière, tout en précisant ne pas être chargé des ressources humaines. « Je suis évidemment très attentif à ces questions », insiste-t-il.

ll se dépeint comme « victime de l’acharnement  de Médiapart».

Enfin, Médiaprt a reçu une longue réponse écrite, signée par l’actrice Irène Jacob, présidente de l’Institut Lumière, et par les deux responsables de la communication et de la presse.

« Il est évident que Thierry Frémaux a une forte personnalité. Mais dire qu’il est un monarque relève du fantasme, et qu’il a des pratiques verticales est une contre-vérité et une interprétation erronée », assurent-ils, soulignant que « les différents services sont autonomes dans leur façon de gérer leurs missions et leur quotidien ».

Ils réfutent par ailleurs « absolument » l’existence « d’une culture anxiogène »

Pour terminer, Médiapart dévoile de salaire de Thierry Frémaux pour ses deux activités : il est rémunéré 350 000 euros par an.