Celui qui avait été baptisé « le cuisinier du siècle » par Gault & Millau » vient de décéder dans sa 91ème année, entouré des siens au sein de son auberge de Collonges au Mont-d’Or. Il est mort dans son sommeil.

Après avoir été formé au cours des années 50 par Fernand Point , son « maître à penser » à la Pyramide à Vienne, Paul Bocuse à travers son auberge de Collonges, trois fois étoilée depuis 1965 avait su peu à peu devenir une icône de la cuisine, osons le mot, mondiale.

Il a été le premier à vouloir faire des chefs des stars, qui, avec lui, sortaient pour la première fois de leur cuisine, non seulement pour saluer leurs clients en salle, mais aussi pour parler et évoquer leur métier devant les micros, les caméras.

On sait que les deux personnages les plus célèbres dans le monde entier, des confins de l’Amazonie au bush australiens sont le Général de Gaulle et… Paul Bocuse.

Il laisse à Lyon un legs inestimable. Outre son restaurant de Collonges-au-Mont-d’Or, on peut citer ses brasseries, mais aussi ses autres établissements lyonnais (neuf au total) ; mais aussi l’Institut Paul Bocuse dont il était le président et qu’il a créé avec le groupe Accor et qui est devenu une référence internationale. Il a également donné son nom aux Halles Paul Bocuse à Lyon, dont le succès tient aussi à son illustre parrain.

 

Il laisse un patrimoine, regroupé au sein d’une holding, rassemblant toutes les affaires restaurants et hôtels qu’il a créé au cours de sa vie, estimé à près de 50 millions d’euros. Il fut un bâtisseur d’empire.

Il avait préparé sa succession

Souffrant de la maladie de Parkinson et préparant sa succession, il avait ouvert en 2010 le capital de ses brasseries lyonnaises et placé des proches à des postes stratégiques en France et aux Etats-Unis.

Enfin dans le cadre du salon biennal de la gastronomie, le Sirha qui se déroule à Lyon-Eurexpo (le prochain est programmé pour 2019), il avait su créer et développer un concours qui est devenu « le » concours mondial de la gastronomie, éclipsant tous les autres : le « Bocuse d’or » que tous les chefs rêvent de gagner, leur apportant la postérité.

Quel était le miracle Bocuse, pourquoi une telle aura ? Sans aucun doute grâce à ses mains et à son palais d’or qui ont permis de créer des plats, tels que « la soupe VGE », « la volaille de Bresse » en vessie » ou « les filets de sole Fernand Point » qui resteront longtemps encore dans le répertoire mondial de la gastronomie.

C’était un visionnaire qui avait des dizaines d’années d’avance sur tous les autres, mais aussi et surtout, ce qui est plus rarement souligné, c’était un fédérateur.

Monsieur Paul n’était pas un chef individualiste, mais un chef de bande qui encourageait, aidait, accompagnait tous ses confrères et respectait énormément les hommes, sachant détecter leur talents. La générosité était son principal trait de caractère qu’il camouflait par pudeur.

C’est la raison pour laquelle Monsieur Paul va manquer à tous les chefs, mais va aussi nous manquer…

Dominique Largeron