Il avait découvert le jazz avec Jazz à Vienne. Plus loin, il avait réussi à imposer le jazz, de Monte Carlo à Megève, tout en reprenant la direction de Jazz à Juan au moment où ce doyen des festivals fêtait son 50ème anniversaire

Jean-René Palacio, entre autres directeur de Jazz à Juan depuis 2010, s’en est allé il y a quelques jours à l’âge de 68 ans. Début mai, il avait manqué –sans qu’on s’en inquiète pour autant- la traditionnelle conférence de presse de présentation de ce festival qui fêtera en juillet sa 60ème édition, que l’on avait pu suivre en visio.

Sa disparition résonne aujourd’hui étrangement dans le monde du jazz : non seulement parce que depuis 2010, Jean-René Palaccio avait succédé à Harry Lapp à la tête de l’auguste Jazz à Juan, mais aussi parce qu’en 2001 il avait été nommé directeur artistique de la Société des Bains de mer de la principauté de Monaco et qu’il n’avait pas tardé (en 2006) à créer le Monte Carlo Jazz Festival.

Un événement pour l’été, un autre pour l’hiver, lequel ne se refusait rien en se déroulant dans la salle Garnier de l’opéra de Monte Carlo.

Enfin, Jean-René Palacio était également le directeur de Jazz à Megève, tissant ainsi, avec ces trois casquettes, un réseau qui profitait à tous.

De la marmite rock à l’univers Jazz

Ce faisant, on en oublierait ses premiers pas : né en Algérie en 1953, il était arrivé en France en 1959 et s’était fixé à Vienne. Vu la génération, le jeune homme était tombé très vite dans la marmite rock qu’il ne reniera jamais alors qu’il suivait sagement des études à l’IEP de Lyon.

Mais, et il s’en est souvent expliqué, survint le lancement du festival Jazz à Vienne (1980).

Très vite il adhère à cette planète jazz dans laquelle il officiera dès 1982 jusqu’en 1988-89, aux côtés de Jean-Paul Boutellier.

Le reste, on le connaît, amenant le jazz à Monaco et reprenant donc le flambeau sur la Pinède Gould, là où se déroule (cette année à partir du 9 juillet) le doyen des festivals dans un cadre évidemment magique.

Jean-René Palacio ne sous-estimait pas la charge qui lui avait été confiée en 2010, alors que le festival fêtait sa 50ème édition. Il y a quelques années, il insistait lui-même dans une interview sur cette continuité jazzistique, même si beaucoup d’eau avait coulé depuis : par exemple, ce concert de 1966 où Charles Llyod était arrivé dans la Pinède avec à ses côtés un pianiste de 21 ans….Keith Jarrett.

Depuis, le jazz a donc pris/repris ses aises sur la Côte d’Azur : à la tête de deux festivals, Juan et Monaco, l’organisateur a su durant toutes ces années rapprocher intelligemment les évènements afin que chacun profite de l’autre, à l’autre.

Même si l’évolution musicale actuelle avait amené à les ouvrir à d’autres musiques, à d’autres artistes, Jean-René Palacio avait su et pu maintenir le cap.

Jean-Claude Pennec