En 42 ans de Festival, rarement un tel vent de folie a soufflé, comme le samedi 8 juillet, sur les gradins du théâtre antique.

Mains levées vers le ciel dansant en cadence aussi bien devant la scène que sur les gradins, exhortant les musiciens de ne pas s’arrêter à la fin du concert, musiciens qui descendent de scène pour entrer dans la foule compacte électrisée, les festivaliers ont été emportés par la folie MEUTE, une formation présente pour la première fois sur la scène viennoise.

Déjà on sentait venir cette folie, puisque le concert avait été l’un des premiers à arrêter sa billetterie bien des semaines avant le début du Festival.

Dès l’arrivée sur scène, sur un air de… Bach, des onze musiciens de MEUTE à vestes rouges fortement badgées portant leurs instruments, avec une scénographie visuelle très sophistiquées et hypnotique, l’électricité s’empara d’emblée du théâtre antique.

Comment expliquer cette folie, MEUTE n’étant en définitive qu’une fanfare allemande originaire de Hambourg, certes un peu plus connue que d’autres au point de remplir le théâtre antique ou même des stades.…

Hypnotique

En réalité, son originalité tient au fait qu’elle reprend tous les codes de la musique techno, pulsation hypnotique comprise pour la transformer, dirait-on même l’humaniser avec les instruments acoustiques classiques de la fanfare, beaucoup de cuivres et de nombreuses percussions.

Au résultat : un nouveau genre musique qui combine la techno de conduite hypnotique avec une musique de fanfare expressive, marquée notamment par de nombreuses envolées de trompettes de trombones ou de saxos. Mais aussi nouveauté, d’un petit vibraphone portable.

Le public présent à Vienne qui assurément samedi 9 juillet connaissait tous les codes de la techno est à la fois en terre de connaissance, mais renouvelée de manière fort originale, le groupe reprenant et arrangeant des œuvres techno, house et deep house de célèbres DJs, les augmentant avec des rythmes acoustico-électroniques créés par les instruments de la fanfare

Bref une techno ré-humanisée et ça marche d’entrée ! Le concert de MEUTE virant à l’émeute lorsqu’en fin de concert, les musiciens descendirent de scène pour se mêler à la foule en transe.

Un terrain fort bien préparé par Electro de Luxe

Il est vrai qu’en première partie, le terrain avait été amplement préparé par Electro de Luxe, une formation qu’a contrario on a déjà entendu plusieurs fois à Vienne et qui fête cette année ses vingt ans d’existence.

Là, pas de techno, mais un jazz-soul pour le moins efficace mené par une section de cuivre fort entraînante et le chanteur James Copley, un vrai showman à costume bleu et au chant explosif.

Originalité de ce concert viennois, les musiciens d’Electro de Luxe accueillaient spécialement pour cette soirée trois chanteuses de la nouvelle génération et à l’énergie débordante : la canadienne Tanya Michelle et les françaises Indy Eka et Cynthia Abraham qui s’employèrent avec la formation à revisiter le répertoire du dernier album d’Electro Deluxe, « Apollo ».

Bref, le train du groove était lancé, il ne s’est pas arrêté un instant, jusqu’à l’extinction vers minuit des projecteurs de la scène, les 7 500 festivaliers quittant alors le théâtre antique exténués, mais aux anges.