Après 77 jours de fermeture, plus encore pour certains, les cafés, bars et restaurants viennois vont pouvoir rouvrir leurs portes. Comme les prisonniers leurs propriétaires comptaient les jours. Et cela faisait long…

Certes, sur la centaine de “points de restauration” que compte Vienne, un certain nombre comme le Domaine de Clairefontaine, Mama Trötter, de nombreuses pizzerias et d’autres avaient réussi à garder un volume d’affaires plus ou moins important en développant pendant le confinement la vente à emporter. Mais pas de quoi remplacer un service normal.

On va donc revoir enfin les terrasses bien vides ces deux derniers mois se remplir à nouveau, notamment cours Brillier et place du Palais.

Reste que tous les professionnels qui préparent le dispositif sanitaire obligatoire pour cette réouverture avec gel hydroalcoolique, et distanciation sociale s’interrogent : dans ces circonstances encore très particulières, leurs clients vont-ils revenir ?

C’est pour bien préparer cette réouverture que les uns et les autres vont ouvrir en ordre dispersé.

Pour la Pyramide du chef deux fois étoilé Patrick Henriroux, ce sera ainsi le 4 juin. Une satisfaction pour lui et ses 57 salariés qui seront équipés de visières, y compris en cuisine, de gants et de gel hydroalcoolique, comme chez tous ses confrères.

Comme indiqué sur sa page Facebook, il ouvre tout ensemble : le restaurant gastronomique, l’Espace PH3 ; mais encore le Spina Café ; ainsi que l’hôtel de la chaîne Relais&Chateau.

Idem pour “le Cottage”, la brasserie du Domaine de Clairefontaine à Chonas-l’Amballan qui ouvrira également le 4 juin. “Pour le premier jour, nous sommes déjà plein”, se félicite le chef, Philippe Girardon, une étoile.

Il pratique une ouverture à étapes puisque le Domaine de Clairefontaine, lui-même, n’ouvrira que le 12 juin, un jour oû, ajoute-t-il il a déjà fait aussi le plein.

Pour le Glacier, cours Romestang, ce sera encore plus tard. “On se laisse dix jours pour voir comment ça se passe chez nos confrères”, détaille le propriétaire, Pierre Meymarian.

Il explique : “les normes sanitaires et la suppression de près d’un tiers de notre capacité nous obligent à ouvrir de la manière la plus précise possible: nous avons au Glacier 25 salariés qui sont encore au chômage partiel. Nous voulons être sûrs que les clients seront au rendez-vous…” Le Glacier va en tout cas bénéfcier de la proposition municipale d’agrandir sa terrasse.

L’ouverture du Glacier est donc programmée pour le 18 juin.

Pour Ryma Prost-Romand, cheffe du “Mama Trötter”, l’ouverture n’interviendra pas avant la troisième semaine de juin “et encore seulement pour les groupes et sur réservation.”

Avec les mesures sanitaires, son restaurant perd en effet énormément de capacité.

La cheffe passée par l’Institut Paul Bocuse va continuer, comme pendant le confinement à développer la “vente à emporter”. “Ça m’a au moins permis de payer mes charges”, explique-t-elle.

Pour Eric Marsella, le chef du restaurant italien “Monte Cassino” et président de l’Amicale des Hôteliers, Cafetiers, Restaurateurs (HCR) de Vienne qui s’apprête également à lever le rideau, “ cette réouverture va probablement se faire doucement à Vienne, d’autant que les procédures à mettre en œuvre sont compliquées, avec un maximum de dix personnes par table, un mètre de distanciation sociale entre les clients ; mais aussi un mètre supplémentaire derrière chaque chaise, il ne faut pas oublier…”

Il n’exclut pas que “certains restaurateurs risquent d’attendre septembre pour rouvrir”, tout en étant persuadé “que parallèlement beaucoup d’établissements resteront ouverts en août pour tenter de rattraper une partie de leur perte du chiffre d’affaires…”

Il se félicite enfin des initiatives prises par la municipalité de ne pas faire payer pendant six mois le droit de place des terrasses, et la proposition de fermer certains jours certaines rues pour installer justement des terrasses, comme c’est envisagé rue Boson…”

Si les clients reviennent en nombre et si les restrictions sont peu à peu levées, les professionnels pourront retrouver le sourire. Sinon…

En attendant, pour eux, la période d’incertitude devrait se prolonger quelque peu…

Photo: les terrasses désespérément vides cours Brillier depuis près de trois mois vont enfin pouvoir revivre.