L’usine Calor de Pont-Evêque (Groupe SEB) produit sur ses sept lignes d’assemblage un produit très basique en apparence : des fers à repasser, une production exportée dans le monde entier à…80 % !

Si beaucoup d’entreprises du secteur ont choisi de faire fabriquer leurs fers à repasser en Chine ou en Asie, ce n’est pas le cas de Calor. Et en plus ça marche, puisque cette usine est rentable et constitue même la plus grosse entreprises du Pays Viennois en terme d’emplois : 680 salariés.

A quoi tient cette réussite, surprenante ? Sur une page entière dans son numéro du vendredi 10 novembre, notre confrère « Le Monde », explique pourquoi dans ce cas précis, le « made in France », ça marche.

« Est-il possible de fabriquer des fers à repasser en France, en restant compétitifs face à la Chine ? » Le Monde répond « oui » en reconnaissant que le « défi est compliqué ».

Les salaires à l’usine Calor de Pont-Evêque sont cinq fois plus élevés qu’en Chine et presque dix fois plus qu’au Vietnam…

Comment s’en sortir, donc ? En montant en gamme. « Plus on fabrique d’articles qui se vendent à 120, 150 ou 220 euros, plutôt que 50, plus on conforte l’avenir de nos site », explique ainsi au Monde Stéphane Laflèche, le directeur général industrie de SEB.

Les fers à repasser qui sortent de l’usine Calor ne sont en effet pas tous bon marché. Sophistiqués, ils se vendent 150 à 300 euros pièce. Ce qui n’empêche pas l’entreprise d’assembler sur place aussi des fers à vapeur classiques dont le prix dépasse rarement 40 à 50 euros. C’est le mariage des deux et des coûts serrés au maximum qui permettent à l’unité épiscopontine d’être rentable

Côté volume, SEB arbitre ainsi en permanence entre ses 40 usines dans le monde dont 10 en France, en fonction de l’évolution des salaires, du marché.

C’est ainsi qu’il y a deux ans, ont été rapatriés à Pont-Evêque des productions mexicaines « afin de mieux rentabiliser l’usine française ».

Autre explication : l’usine de Pont-Evêque est très robotisée et ne cesse de l’être. Deux nouveaux robots ont ainsi été installés cet été pour placer les produits finis sur les palettes, après emballage.

Dernière explication à ce succès : « la différenciation tardive ». Cette usine est capable de répondre aux demande de produits différents selon ses clients : en bout de chaîne, les fers à repasser peuvent recevoir un habillage (couleur, etc.) et une marque différents (Calor, Moulinex, Tefal ou Rowenta). Ce qui a été difficile à mettre en œuvre, mais plaît beaucoup aux clients.

Bref, cette usine Calor de Pont-Evêque est à l’image de ce qu’il faudrait faire dans notre pays pour relancer notre industrie : allier une montée en gamme avec une forte robotisation. Ce qui n’empêche pas l’emploi, contrairement à une idée reçue. A condition bien sûr que le succès commercial suive. Ce qui est le cas, en l’occurrence…