Marcel Guigal qui a racheté en cet été 2017 un Domaine de 50 hectares à Chateauneuf-du-Pape, de Nalys qui appartenait jusqu’à présent à l’assureur Groupama est un pur autodidacte.

Rien d’étonnant donc, s’il a non seulement remporté les Victoires des Autodidactes 2015, en Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi la finale nationale : un des rares régionaux à remporter ce titre. Il a été distingué lors d’une cérémonie qui s’est tenue à l’assemblée nationale.

Difficile d’être plus autodidactes que les lauréats, cette année là, aux Victoires 2015 . Le grand vainqueur, Marcel Guigal a interrompu ses études à 17 ans pour reprendre le Domaine familial situé au sein de la « capitale » des Côtes-Rôties.

Pour fêter avec sa famille sa présence sur la première marche des Victoires des Autodidactes Rhône-Alpes-Auvergne, on n’a sans doute pas débouché chez les Guigal une bouteille de champagne, mais plus probablement de Mouline, de Landonne ou de Turque, les trois crus d’exception du Domaine. Considérés parmi les meilleurs vins du monde, encensés par Robert Parker, certains de ces flacons dépassent les 500 euros, selon les millésimes.

D’après Drink International, Le Domaine Guigal est la troisième cave la plus admirée de France et la neuvième au plan mondial.

Basé à Ampuis dans le Rhône, Marcel Guigal, 75 ans, l’un des viticulteurs les plus respectés des Côtes-de-Rhône et sans doute l’un des plus riches, a remporté les Victoires des Autodidactes 2015, organisés par le Harvard Business School Club France et par le groupe Mazars.

Objectif de ce prix : montrer que ce qui compte avant tout dans le processus de création de richesse pour soi et pour la collectivité, c’est la fibre entrepreneuriale. Les diplômes arrivent en deuxième position et peuvent même parfois constituer un obstacle à la créativité par leur risque de formatage.

Dans l’histoire de ce Trophée, c’est la première fois qu’un viticulteur accède à ce podium.

Un accident de la vie

Nous sommes en 1961. C’est un accident de la vie qui amène Marcel Guigal à reprendre les rênes de l’entreprise familiale à 17 ans. Ancien ouvrier, son père Etienne qui dirigeait l’entreprise créée en 1946 est devenu subitement aveugle.

Brillant vinificateur, Etienne transmet sa science, voire même son art à son fils lors de longues séances de conversation.

Un héritage que Marcel Guigal a su magnifier en développant le vin générique vendu à plus de deux millions de bouteilles chaque année et les grands crus maisons.

Mais aussi en rachetant d’autres grands domaines, à l’instar de la cave Vidal Fleury, basée également à Ampuis qui conserve encore son autonomie commerciale et technique, mais encore l’ancien domaine de Jean-Louis Grippat à Saint-Joseph et en Hermitage, ainsi que le Domaine Vallouit, en Côte-Rôtie, Hermitage, Saint-Joseph et Crozes Hermitage.

Mais ce n’est pas tout, Marcel Guigal acquiert enfin en 2006 le Domaine de Bonserine qui lui aussi conserve son indépendance.

Enfin, 1995, il rachète le magnifique château d’Ampuis pour y installer le siège social de l’entreprise.

Ce sera enfin, en 2017, le rachat d’un des plus beaux domaines de l’AOC Chateauneuf-du-Pape : de Nalys.

Aujourd’hui Marcel Guigal est à la tête d’une exploitation, gérée sous l’égide d’une SAS, digne du Bordelais avec ses 74 hectares.

Elle a produit en 2014 près de 7 millions de bouteilles et emploie une trentaine de personnes.

Et ce pour un chiffre d’affaires de 53,2 millions d’euros en 2014, en croissance de 10 %.

La moitié du chiffre d’affaires à l’export

Le Domaine Guigal mériterait d’ailleurs une autre médaille, celle de l’exportation : la moitié de ce chiffre d’affaires est réalisé à l’international, en direction notamment des Etats-Unis, du Japon et du Canada.

C’est son fils Philippe, 40 ans, qui est appelé à lui succéder : lui, en revanche est bardé de diplômes dont un master OIV qui fait autorité. Il a fait le tour du monde.

« Nous nous complétons parfaitement. Nous prenons toutes les décisions en commun. Il apporte la communication et l’international, mais aussi beaucoup d’autres choses. Il a réussi à se faire un prénom, ce qui n’était pas chose facile » , commente son père avec un large sourire.