L’ancien ministre de l’Agriculture (1990/1992) Louis Mermaz, 90 ans, qui a également été maire de Vienne pendant près de 30 ans (1971/2001) a été récemment entendu par des juges d’instruction du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris dans l’enquête sur l’empoisonnement des Antilles au chlordécone.

“ Au printemps 1992, Louis Mermaz avait signé en tant que ministre une dérogation autorisant la poursuite de l’emploi du chlordécone en Guadeloupe et en Martinique, malgré son interdiction légale en février 1990”, est-il indiqué sur le site internet de France Info qui a donné l’information.

Selon Me Harry Durimel, avocat en partie civile et maire de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, Louis Mermaz a assuré ne jamais avoir entendu parler du chlordécone, ni été sollicité sur l’utilisation de ce pesticide.

En 2006, plusieurs associations martiniquaises et guadeloupéenne avaient déposé trois plaintes pour empoisonnement, mise en danger de la vie d’autrui et administration de substance nuisible.

Une information judiciaire avait été ouverte deux ans plus tard, mais en janvier 2021 les juges d’instruction ont annoncé à plusieurs parties civiles que les faits étaient probablement prescrits dans leur grande majorité.

Deux mois plus tard, Rémy Heitz, alors procureur de Paris, avait estimé dans un entretien au quotidien France Antilles que «la grande majorité des faits dénoncés était déjà prescrite» dès le dépôt des plaintes en 2006.

La possible prescription de l’action publique a suscité indignation et colère dans les Antilles.

La collectivité territoriale de Martinique avait annoncé en octobre se constituer partie civile dans l’information judiciaire, dénonçant «un scandale d’État sanitaire, avec des répercussions mortifères sur la population».

Le chlordécone, un pesticide interdit en France en 1990 mais qui a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu’en 1993, a provoqué une pollution importante et durable.

Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France, et les populations antillaises présentent un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.