Assurément, entre le chanteur et pianiste britannique Jamie Cullum et le théâtre antique il y a une vraie histoire d’amour.
Un histoire d’amour grandissante : il y avait lors de sa dernière venue à Vienne, en 2022, 5 000 festivaliers qui l’avaient accueilli sur les gradins : ils étaient près de 7 000, le jeudi 11 juillet pour la 44ème édition Il a eu du mal hier soir à quitter la scène partant dans une ambiance de feu, sous une standing ovation.
Le chanteur survitaminé qui était déjà présent à Jazz à Vienne en 2011, 2014 et 2017, puis en 2022, reste à 45 ans, un éternel adolescent.
A chaque passage et pas d’exception hier soir, il fait preuve d’une énergie débordante, arpentant la scène de long en large, s’immergeant avec le public dans la fosse, sautant même une fois sur son piano, selon une habitude qui lui est chère et il est vrai attendue…
Mais son piano ne lui sert pas seulement de promontoire pour mieux capter le public. La pile électrique Jamie Cullum est aussi un excellent pianiste de jazz, il l’a prouvé lors de plusieurs longs chorus illustrant son ébouriffante maîtrise des 88 touches sonnant avec des sonorités franchement jazzy.
Tout au long du concert, il a déroulé son répertoire, passant de grands standards façon « What’d I say » le grand succès de Ray Charles, issus de sa relecture du « Great American Songbook », mais déclinant aussi à de multiples reprises ses propres compositions.
Cette relation particulière avec le théâtre antique fut encore plus évidente en fin de concert : le public ne voulait pas qu’il parte et lui non plus, ce concert se terminant dans une belle explosion finale et une longue standing ovation.
Dominique Fils-Aimé, une voix au grain soyeux
Auparavant, Dominique Fils-Aimé la chanteuse québécoise d’origine haïtienne très en vogue actuellement, présente dans de nombreux festivals cet été, mais pour la 1ère fois à Vienne, avait affiché en première partie de soirée une présence scénique beaucoup moins explosive ou démonstrative que celle de Jamie Cullum, totalement à l’opposé même !
Revêtue d’une longue robe blanche, elle resta sagement assise pendant presque tout le concert, ne se levant que de rares fois.
Il faut dire que son répertoire, surtout basé sur son dernier opus, « Our Roots Run Deep » a tout de la soie et de la retenue, au rythme peu à peu envahissant, avec des finales en forme d’envolées, rendues encore plus explosives par la zenitude originelle.
Il y a un côté incantatoire chez Dominique Fils-Aimé qui présente assez longuement chacune de ses chansons.
Elles comportent chacune à peine quelques phrases, répétées en boucle jusqu’à ce que se dégage un sentiment d’espoir ou de joie vu le sourire affiché, mais surtout de renouvellement et de nécessité d’avancer et d’aller de l’avant, thème de son dernier album.
Une ambiance bien spécifique, très zen, qui mit encore plus en évidence ensuite l’énergie démultipliée du chanteur britannique.