Pourquoi ne redémarre-t-il pas vraiment ? En 2021, le transport fluvial de marchandises sur le bassin Rhône Saône n’a crû que de 0,7 % en tonnes kilomètres (+ 2.8 % en tonnes), alors qu’au niveau national, il enregistrait une progression de 4 % portée par la sortie de la crise sanitaire et la reprise de la croissance économique. C’est ce qu’annonce VNF (Voies Navigables de France) Rhône-Saône.

Si l’on compare 2021 avec 2019, l’année ante crise Covid-19, le transport fluvial accuse une baisse de 30 % en t-km et de 20 % en tonnes ! Pas terrible…

Les produits agricoles en recul, fini le charbon

Quels sont les trafics qui ont le plus reculé ? Pas les matériaux de construction qui progressent de 35 % en t-km et 10 % en tonnes, portés notamment par de nouveaux trafics de mâchefers et le recours au fluvial pour l’acheminement et l’évacuation de gros chantiers en cœur de ville.

Sont également en hausse les produits chimiques (+17 % en t-km et 19 % en t), les produits métallurgiques (+11.5 % en t-km et 12 % en t), et les conteneurs-colis lourds (+4.5 % en t-km et 5.8 % en t). Il s’agit principalement d’un rattrapage de l’année 2020 marquée par la crise sanitaire.

En fait, ce sont les produits agricoles qui ont subi la plus forte baisse en raison d’une mauvaise campagne tant en quantité qu’en qualité (-23.23% en t-km et en tonnes).

Ont été également à la baisse les produits énergétiques (-15 % en t-km et -19.3% en tonnes).

L’arrêt des trafics de charbon sur Salaise, avec la conversion au gaz des chaudières de la plateforme chimique de Roussillon, y a contribué, tout comme la crise énergétique a manifestement conduit à des changements de pratiques.

Pourquoi cette exception rhodanienne, alors que les clignotants économiques étaient au beau fixe ?

Pour les responsables de VNF, les raisons sont plus structurelles que conjoncturelles. Les échanges internationaux via la Méditerranée dont dépend en partie la navigation sur le Rhône sont en train de changer. De même que la lutte contre le changement climatique avec l’arrêt du transport du charbon par exemple, plutôt bienvenu.

“ Les échanges internationaux ont été profondément modifiés avec le dérèglement climatique, le blocage du canal de Suez par « l’Ever Given » et la crise sanitaire. Le transport massifié bas carbone doit s’adapter à ces transformations, qui sont plus structurelles que conjoncturelles, afin de conquérir de nouvelles parts de marché”, explique-t-on ainsi chez VNF.

Signaux encourageants

Chez VNF, on appelle donc à des “ mesures fortes”, afin de renouer avec la dynamique fluviale nationale.

En ce premier semestre 2022 quelques signaux encourageants ont néanmoins été lancés.

Ainsi, à Lyon, le port Edouard Herriot a signé un accord avec la société ULS qui développe le premier service de logistique fluvial, dans le cadre de la livraison au dernier kilomètre.

Est annoncée également la fin des surcoûts de manutention dans les terminaux du port de Fos-Marseille. Ce qui pourrait amener une augmentation des flux de conteneurs qui remontent jusqu’à Lyon, voire au-delà.

Ce qui est encourageant est que de nombreuses études (*) montrent effectivement que les trafics fluviaux pourraient au moins doubler à horizon 2030 tant pour les filières traditionnelles (matériaux de construction, agroalimentaires, …) que pour les filières spécifiques ou émergentes (conteneurs, colis lourds, déchets, logistique urbaine, économie circulaire, chimie/matières dangereuses).

Reste la question : ce redémarrage du trafic sur le Rhône et la Saône qui devrait être prioritaire car parfaitement en phase avec la lutte contre le changement climatique, c’est pour quand ?

(*)  Etudes de marchés réalisées dans le cadres des schémas portuaires du bassin (Lyon, Bourgogne Franche-Comté…), études France Chimie, études logistique urbaine (Métropole de Lyon) …