La soirée du 27 juin était estampillée « Guitares ». Le « s » était bien nécessaire car au cours des deux parties de soirée, de nombreux styles musicaux ont éclos sous les yeux et dans les oreilles du public ; on n’y a pas seulement comme on s’y attendait ouï du jazz manouche, mais aussi d’autres esthétiques.
De provenance très diverses, sous l’estampille « The Great Guitars », les trois guitaristes qui ont débuté la soirée, la légende manouche Biréli Lagrène, le Britannique Martin Taylor qui a joué avec Stéphane Grappelli et enfin le Suédois Ulf Wakenius qui fut accompagnateur de Youn Sun Nah, ont chacun interprété leur registre propre tout en se fondant avec une parfaite osmose. Et ce, même s’il n’ont pas toujours joué au long du concert, tous les trois ensemble, adoptant souvent la carte des duos et des solos.
Duo avec Martin Taylor et Ulf Wakenius ; ou encore avec Bireli Lagrène et Ulf Wakenius sur un thème de Jaco Pastorius, puis à nouveau un duo Bireli Lagrène/Martin Taylor au cours duquel, tous deux firent montre de leur étonnante virtuosité.
Très rythmé, cette première partie vit aussi les guitares heroes jouer en solo à l’instar d’Ulf Wakenius interprétant « la Mer », vite reprise par le public, etc.
Mais bien évidemment, c’est en trio que se termine le concert sur le célébrissime « Isn’t she lovely » de Stevie Wonder, puis sur Birland de Weather Report. Chapeau !
Chacun joue avec son style propre, transcendant les esthétiques musicales, de la country, au rock en passant par le style manouche et bien sûr le jazz, tout en cherchant à se transcender avec une émulation qui souleve l’enthousiasme du public. Ce dernier avait bien senti que la soirée allait être exceptionnelle : ce concert a fait le plein avec pas moins 7 500 spectateurs sur les gradins.
Entouré de formidables musiciens
Restait à savoir si Thomas Dutronc qui a succédé à ces trois cadors de la guitare allait être à la hauteur des Great Guitars …
Il faut bien le reconnaître avant qu’il ne pénètre sur la scène du théâtre antique, nous étions dubitatif, sachant par ailleurs qu’avant de devenir le chanteur reconnu qu’il est désormais, le fils de Jacques Dutronc et de Françoise Hardy n’a pas tout de suite connu le succès, arpentant clubs et petites scènes comme guitariste ; et ce, malgré le solide pedigree familial..
Mea culpa ! Au bout de près de deux heures de concert, Thomas Dutronc a su charmer le public avec son sens du spectacle, ses chansons, mais aussi et sans doute surtout pour deux autres raisons : le fait se couler dans la culture musicale manouche, mais encore d’être accompagné par de formidables musiciens qu’il sait galvaniser et qui tous se sont largement exprimés lors de longs chorus.
Autour de lui sur scène, on pouvait reconnaître la violoniste Aurore Voilquié que l’on a entendu en mars dernier au Quartier Latin Jazz Club en compagnie du trio Guezbar à Sainte-Colombe où elle avait déjà fait forte impression.
Il était aussi flanqué sur scène de deux grands guitariste de jazz manouche, le discret virtuose Rocky Grasset et la star de cette esthétique musicale, Stochelo Rosenberg dont le trio tourne dans le monde entier.
Mais comme cela ne suffisait sans doute pas, on vit sur la scène un instrument qui n’est pas à vrai dire présent dans la culture manouche: un piano et devant les touches d’ivoire, l’un des plus grands pianistes actuels de jazz français, Eric Legnini.
Découpé en trois parties, son show coule tout seul, permettant de ouïr « Il n’est jamais trop tard », « Katmandou » et « L’horoscope », et bien d’autres chansons issu d’un répertoire désormais très vaste.
Le tout épicé de longs chorus, d’Eric Legnini, de Rocky Gresset, de Stochelo Rosenberg ; mais aussi de manière assez époustouflante d’Aurore Voilquié sur « T’étais belle ce dimanche »…
On vit même quelques danseurs issu du public invités à swinguer (pas facile sur la musique manouche…) sur scène sur « Comme un manouche sans guitare. » (photo)
Bref, aussi bien entouré, et s’appuyant sur son humour à la fois absurde et facétieux s’exprimant notamment dans un surprenant « des frites bordel ! » final ; avec ses mélodies faciles à retenir et à reprendre, Thomas Dutronc ne pouvait qu’emporter le public, ce dernier lui octroyant un triple rappel. Le charme familial a une nouvel fois opéré…