Avec la canicule ambiante, c’était le seul moment de la journée où l’on pouvait ouïr de la musique de jazz en bénéficiant de la fraicheur bienvenue du petit matin.
Ça s’est produit ce samedi 29 juin au Belvédère de Pipet à Vienne dans la cadre de la Journée Marathon de Jazz à Vienne, avec un concert débutant à …6 h30. De quoi pour les plus fatigués par le concert de la veille au soir, éventuellement s’endormir un moment, des transats étant à la disposition (mais pas de tous, il fallait arriver tôt) des quatre-cents « marathoniens » du jazz présents.
Après l’année dernière le contrebassiste Fabien Sevilla, Guillaume Anger, le directeur artistique de Jazz à Vienne avait porté cette année son choix sur le pianiste Xavier Thollard qui a interprété son « Ostinatos Piano Solo » au sein duquel chaque plage est dédiée à l’un des grands pianistes qui l’ont influencé.
Dans cet « Ostinatos », il déconstruit complètement les standards du Jazz ou de la musique classique, faisant-ceci pour les lecteurs musiciens-la part belle aux métriques asymétriques et impaires, le terrain de jeu musical qu’affectionne le pianiste.
Compliqué techniquement, mais fort agréable musicalement : une musique fort élaborée, construite et très évocatrice, qui au petit matin permet en regardant le soleil se lever, de laisser avec bonheur vagabonder son esprit en surfant sur les paysages musicaux construits par le pianiste.
Une déconstruction/reconstruction, telle que parfois d’ailleurs l’on a du mal à reconnaitre l’œuvre originelle !
Celui qui a notamment reçu le 1er prix du tremplin Jazz à Vannes a ainsi débuté son concert avec une pièce de Bach « en hommage à Chick Corea » expliqua-t-il.
Il l’a terminé en improvisant « à sa sauce » à nouveau autour d’un morceau classique : la marche de la cérémonie des Turcs de Lully, tirée du Bourgeois Gentilhomme.
Entre-temps, sont passés à sa moulinette du pianiste, Oscar Peterson, Thelonius Monk et son célébrissime « around midnight » profondément revu et corrigé, puis Bill Evans, voire encore Michel Petrucciani qu’il affectionne particulièrement.
L’effet fraicheur ou simplement le concept en lui-même ? Sans doute les deux. Ce 5ème concert au lever du soleil, un concept né de l’après-Covid, rencontre en tout cas chaque année un succès grandissant.
