Lors du dernier conseil municipal, lundi 20 octobre, une joute verbale a opposé Thierry Kovacs, maire de Vienne à son opposition menée par Erwann Binet. Au centre de la polémique, la décision de la Ville traduite dans une délibération de préempter deux locaux commerciaux situés rue Marchande et rue Teste du Bailler par le biais de la société foncière d’aménagement,l’Epora ; et ce, alors même qu’une entreprise viennoise était candidate pour occuper les lieux pour y installer un mini-data center. Pour Thierry Kovacs, un tel site pose des problème de sécurité, de bruit et ne susciterai pas le flux de clients et d’attraction que l’on attend d’un commerce. Que répond le principal intéressé, Rémi Maccarrone, un chef d’entreprise viennois de 37 ans ? Interview.

Vivre-vienne-Vous étiez candidat à la reprise de deux locaux au n° 38/40 de la rue Marchande et au n°13 de la rue Teste du Bailler, à quel titre, d’abord ?

Rémi Maccarrone-Il faut d’abord que je vous dise que je suis Viennois et que j’aime beaucoup cette rue Marchande et que je souhaite qu’elle retrouve son dynamisme commercial car j’y dirige deux entreprises informatique s qui y sont installées : « Le Paradis du Geek » qui vend et répare des produits informatiques et « PDG-it » qui propose des services de stockage et de sécurité informatique.

Ce nouveau site constituait une brique supplémentaire à notre entreprise.

Ces deux entreprises emploient dix salariés et quatre alternants.

Pourquoi alors une troisième société dans cette même rue Marchande, toujours dans le domaine informatique ?

Ce que nous avons proposé en souhaitant reprendre les locaux commerciaux qui ont été préemptés par la Ville est la création d’un mini-data center qui avait sa place dans le centre-ville car hébergeant les données des commerces et des entreprises locales.

Quelle aurait été la spécificité d’un tel data-center ?

C’est d’être indépendant des grands groupes informatique comme Microsoft, en faisant appel notamment à des entreprises européennes et non américaines comme NextCloud et Dolibarr opensource. Le tout en open source, donc, c’est-à-dire de manière collaborative et décentralisée.

« Un projet de dix ans »

C’est un projet sur lequel vous travaillez depuis longtemps ?

Oui, cela fait dix ans que nous avons ce projet qui n’existe nulle part ailleurs et qui permettrait de stocker des données locales à un niveau local. Ce projet est également à même de créer des emplois à Vienne.

Programmer ce projet nous a pris un an pour élaborer précisément les plans du data. Nous étions prêts.

Thierry Kovacs explique pourtant qu’un tel data-center ne peut pas s’installer en centre-ville en vertu de la loi et d’un arrêté national du 22 mars 2023 et du PLU en vigueur. Que répondez-vous ?

Le maire n’a pas bien lu ce que nous proposons : sur les 110 m2 des deux locaux concernés, dans lesquels nous voulions nous installer, nous n’occupions que 40 m2 avec huit baies informatiques. Le reste était destiné à constituer nos bureaux et à accueillir nos clients. Il ne s’agit donc pas d’un simple entrepôt, ni d’un dark-store.

« Je maintiens mon projet »

Que répondez vous quand le maire évoque la question des nuisances sonores et des risques d’incendie que provoqueraient un tel site pour les riverains en centre-ville de Vienne ?

Je dis que que vu la taille de ce data-center, les nuisances sonores ne dépasseraient pas le cadre de la pièce où les huit baies informatiques seront entreposées, d’autant que la pièce aurait été insonorisée. Quant au risque d’incendie, s’il existe, il aurait de toute façon été évalué par une commission de sécurité.

Avec ce refus, abandonnez vous votre projet de création d’un data-center de centre-ville à Vienne ?

Non, nous n’abandonnons pas ce projet sur lequel nous avons beaucoup travaillé : je maintiens ce projet qui nous tient à cœur et qui a un véritable intérêt économique pour Vienne,

Je ne comprends vraiment pas pourquoi la mairie nous a barré le chemin, et nous a prévenu vingt-quatre heure seulement avant la fin de délai légal que les deux locaux commerciaux étaient préemptés par la Ville.

Nous ne comprenons  vraiment pas cette décision. Pour nous, ce refus est une véritable douche froide !

Photo : Rémi Maccarrone